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Rendez-vous à Samarcande

31 octobre 2006

La fin des vacances

Le vin ouzbek, c’est pas bon et en plus ça laisse des traces. Nous nous levons avec la gorge desséchée et un bon mal de crâne pour Clément. Heureusement, nous avions toute notre tête en rentrant hier, ce qui nous a permis d’expliquer à un chauffeur de taxi que nous voulions qu’il nous prenne au Gour Emir à 6h20 ce matin pour nous emmener à la gare. Notre accent russe doit vraiment être excellent puisque le taxi est au rendez-vous et que nous arrivons sans encombre à la gare. Les trains ouzbeks se divisent en deux catégories : les « express » qui sont tous neufs et qui diffusent des films en russe avec Sarah Michelle Gellar et où les sièges s’allongent, et les vieux trains de l’époque soviétique. Pour aller de Boukhara à Samarcande, nous avions un express, aujourd’hui nous testons l’autre catégorie. La bonne nouvelle c’est qu’il n’y a pas de film débile qui vous hurle dans les oreilles mais c’est à peu près tout. Pour le reste le confort est plutôt rustique, les sièges ne sont qu’à peu près fixés au sol, il fait très chaud et on est bringuebalé dans tous les sens. Malgré ça, c’est plutôt sympa d’être un peu plus en contact avec la population et de voyager à l’ouzbek.

Au bout de cinq heures environ nous arrivons à Tachkent et nous nous rendons à l’aéroport. Nous retrouvons évidemment notre groupe de Bretons qui prend le même avion que nous. Après les formalités de rigueur, la dépense de nos derniers soums et la quête fructueuse d’un endroit où poster nos cartes postales nous embarquons à bord d’un A310. L’installation est un peu compliquée : au début il n’y a pas grand monde dans l’avion donc les gens s’étalent et se dépêchent de « réserver » des rangées de quatre sièges pour pouvoir s’allonger. Et puis finalement arrivent d’autres minibus remplis de passagers qui se déversent dans l’avion. Alors il faut que chacun récupère ses affaires et retrouve sa place dans un avion finalement plein. En fait les autres passagers étaient en correspondance depuis la Chine ou l’Inde. Il y a notamment tout un groupe de Français au crâne rasé déguisés en moines bouddhistes avec des jupes rouges et des grands sacs à fleurs. Je ne sais pas s’ils ont fait une retraite ou un pèlerinage, ce qui est certain, c’est que le voisin de Clément de l’autre côté de l’allée n’a pas dû prendre beaucoup de douches ni faire beaucoup de lessives pendant son séjour !

Le vol se déroule sans histoire. A l’arrivée à Roissy, nous passons rapidement l’immigration, fait assez rare pour être signalé mais c’est après avoir récupéré les bagages que les choses se compliquent. Les douaniers, apparemment prévenus de quelque chose, font du zèle et inspectent un à un tous les bagages. Le problème c’est qu’ils ne sont que deux et qu’ils ne disposent  que d’une machine à rayons X alors c’est un peu long. Je dirais même que ça s’éternise .Et qu’on n’en finit pas de ne pas avancer. C’est fou ce qu’on peut mettre comme bagages dans un avion. Finalement les douaniers repèrent quelque chose dans le bagage d’un des pseudo-moines et s’emploient à fouiller minutieusement le sac suspect. Pour notre part, nous réussissons à passer notre théière en fraude et nous éclipsons sans demander notre reste et sans chercher à voir ce que notre terroriste en robe jaune pouvait bien transporter.

Dans le  RER du retour, nous prenons sous notre protection une vieille dame japonaise qui cherche à rejoindre son hôtel dans Paris mais dont c’est le premier séjour en France (première expérience du RER, ça calme) et qui ne parle ni français, ni anglais. Par chance, le nom de son hôtel est écrit dans notre alphabet sur sa feuille de réservation et comme c’est tout près de chez nous, Clément, en preux chevalier, l’y escorte pour s’assurer qu’elle arrive à bon port. Juste à côté de l’hôtel, il y a un resto de sushi : au moins notre brave dame n’aura pas à aller trop loin en cas de mal du pays !

Retour à la maison, posage des sacs, fin du voyage. Petit coup de déprime en pensant au boulot du lendemain. Pas grave, les prochaines (grandes) vacances ne sont plus très loin !

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30 octobre 2006

Dernières balades dans Samarcande

Ce matin nous prenons le petit-déjeuner en compagnie de la famille française en vacances qui est dans notre hôtel depuis deux-trois jours. Le mari et la femme, Laurence et Joël, sont profs à Istanbul et ils sont venus avec leurs deux enfants (de 5 et 8 ans à peu près) en Ouzbékistan. Courageux avec des enfants aussi jeunes ! Nous prenons notre temps comme d’habitude et discutons de choses et d’autres avec ces gens très intéressants.


Nous n’avons pas grand-chose à faire aujourd’hui car nous avons déjà visité les principaux sites de Samarcande. Nous avons juste en vue un petit monument dans le sud de la ville et l’achat de nos billets de train pour rallier Tachkent demain matin. Nous nous acquittons de ce deuxième objectif en sortant de l’hôtel et en prenant un combi jusqu’à la gare, on est des pros des combis maintenant, et Florence prend son plus bel accent russe pour s’assurer que notre véhicule va bien à la gare. Enfin, elle dit juste « train » en russe, mais rien ne sert d’en dire trop car cela suffit largement pour nous faire comprendre. Nous trouvons assez facilement un employé de la gare qui parle anglais pour s’occuper de nous, même si les Ouzbeks ont l’air aussi nuls que les Indiens ou les Egyptiens pour faire la queue au guichet. Le prix du billet est dérisoire et nous arriverons à Tachkent à midi demain donc tout va bien.


En enchaînant deux combis nous nous retrouvons dans l’ensemble architectural Khodja Abd-i-Daroun. C’est un endroit très tranquille surtout marqué par un bassin entouré de grands arbres où se reflète la façade d’un mausolée. Nous nous asseyons sagement au bord du bassin et restons là quelques temps, pensifs, en appréciant la sensation de calme que provoque l’endroit.

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Le reste de la journée passe doucement en déambulant dans Samarcande. Nous trouvons enfin une petite boutique sympa où nous parvenons à négocier quelques souvenirs. On rigole bien car la femme essaie de justifier ses prix en nous faisant de longs discours en ouzbek alors que nous n’attendons qu’une chose : qu’elle marque un prix inférieur sur la calculatrice pour que nous puissions un peu augmenter le nôtre, et ce jusqu’à ce que tout le monde soit satisfait. Ah, c’est toujours le même rituel de marchandage. Des fois, il ne m’amuse pas beaucoup car je trouve bizarre de mentir sur le prix réel d’un objet et de vouloir tromper l’acheteur. Mais bon, finalement quand on y réfléchit, le nombre de pays où les prix dans les magasins sont fixes est sûrement moins grand que le nombre de pays où l’on marchande. C’est peut-être nous qui avons tort puisque d’une certaine manière, avec ce système, on paye en fonction de ses moyens…

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Pas de chance, il ne nous reste pas assez d’argent pour finir le séjour : mais où s’est donc envolé notre tas de billets du départ ? En dehors de Tachkent, les seuls endroits on l’on peut changer des dollars ou des euros en soums sont les hôtels de luxe. Nous voici donc en route vers le 4 étoiles le plus proche. Deux femmes sont au guichet du bureau de change et parlent bien sûr un très bon anglais, on voit qu’on est dans un bon hôtel. Nous changeons trente-cinq euros : elles nous donnent un gros paquet de soums empaqueté avec la somme inscrite sur le bordereau qui entoure la liasse (tout cela paraît sérieux quoi) et quelques billets supplémentaires. Nous partons un peu plus loin dans l’hôtel à la recherche du bar panoramique. Malheureusement celui-ci est fermé mais nous trouvons des canapés où nous asseoir histoire de recompter vite fait la liasse. Et effectivement après de multiples essais, nous ne trouvons décidément que 98 billets sur les 100 prévus. C’est sûr, cela ne fait pas une grosse différence pour nous autres touristes. Mais nous trouvons ça fou qu’ils fassent une erreur comme celle-ci dans un hôtel de luxe. Les filles du bureau de change ne nous font pas de difficultés pour rajouter deux billets mais nous doutons forcément de leur honnêteté. Ca peut être une erreur, bien sûr, mais on se dit aussi que ça doit être facile d’arnaquer les touristes de cet hôtel en leur donnant des liasses empaquetées qu’ils ne vont pas forcément recompter. Deux petits billets en moins sur les cent passent facilement inaperçus. En tout cas, il est sûr qu’il faut toujours recompter son argent dans les bureaux de change et ce quel que soit l’environnement, hôtel de luxe ou pas.

Avec tout ça on n’a toujours pas trouvé de bar où boire un coup. Nous repartons alors vers la nouvelle ville de Samarcande et nous nous attablons au Blues Café, pas très ouzbek comme nom je l’admets. La déco est très réussie : photos de jazzmen connus, instruments au mur et un piano qui est utilisé pour les concerts de jazz certains soirs de la semaine, mais pas le lundi. Après une bière, nous décidons de manger sur place car les assiettes que nous voyons passer sont appétissantes. Et avec un bon repas, pourquoi ne pas essayer le vin ouzbek ? Les bouteilles ne sont pas très chères mais présentent bien. Du coup nous testons. Grave erreur. Le vin ouzbek est spécial, très spécial. Il est beaucoup plus sucré que le nôtre et ce qui peut donner un goût intéressant dans les vins doux s’avère ici totalement écœurant. Nous avons quand même bravement terminé notre bouteille avec nos plats qui eux étaient heureusement très bons et nous sommes les derniers clients à être sortis du bar à, accrochez-vous, à peu près 20h. Et oui, la vie nocturne en Ouzbékistan n’est pas extraordinaire.

29 octobre 2006

Dimanche, jour de marché

« Urgut, Urgut ! Urgut, Urgut ! » Ah, je crois que l’on a trouvé notre taxi collectif pour Urgut. Ce n’est pas un combi Daewoo comme la plupart la plupart du temps mais un véhicule bizarre genre Renault Traffic mais en plus gros et plus carré. Sans doute un rescapé de l’époque soviétique. On attend bien sûr quelques minutes que le taxi soit totalement plein puis c’est parti. Nous sommes contents de prendre ce genre de moyen de transport car jusqu’ici, on ne peut pas dire que nous avions pris quelque chose de vraiment local. Or ces combis sont vraiment très importants en Ouzbékistan. A Samarcande par exemple, ils sillonnent la ville dans tous les sens, chaque trajet ayant un numéro correspondant affiché sur le pare-brise s’il vous plaît. C’est le système de bus du coin en fait.

Nous partons donc ce matin à Urgut, petite ville située à 40 kilomètres de Samarcande, pas loin de la frontière tadjik. Elle est très connue dans la région pour son marché, particulièrement animé le dimanche, donc aujourd’hui, et ses prix défiant toute concurrence. Il paraît d’ailleurs que tout est bon marché grâce à la proximité du Tadjikistan, les vendeurs faisant passer les produits par la montagne en évitant les postes frontières et leurs taxes. Nous voulons donc voir ça de plus près sans trop savoir si nous trouverons des choses à acheter. On verra bien. En tout cas, le trajet est sympathique, les couleurs de l’automne dans les arbres sur le côté de la route nous plaisant beaucoup. Les gens qui nous accompagnent ne sont pas très chargés, ils ont plutôt l’air de venir acheter des choses au marché, sauf une femme qui a envahi le coffre avec des rangées de pains qu’elle s’apprête à vendre, je suppose.

Le chauffeur dépose tout le monde dans une rue bruyante remplie de voitures et de camions près d’une des entrées du marché. Tout cela est déjà très animé et ce n’est rien comparé au marché lui-même. Nous entrons dans une allée dédiée aux vêtement de toutes sortes. Il y en a à gauche, à droite, en haut (il faut que je me baisse assez souvent pour passer en-dessous), absolument partout. En plus cette allée est particulièrement empruntée, résultat, les gens se retrouvent à avancer péniblement, serrés les uns contre les autres, avec nous en plein milieu bien sûr. Après dix minutes dans la cohue nous passons dans une allée parallèle un peu moins bondée : c’était une bonne entrée en matière…

Les marchandises proposées dans cet immense marché sont vraiment de toutes sortes. Il y a bien sûr beaucoup de vêtements partout mais les « rayons » fruits et légumes, pains, bonbons au miel (avec les guêpes qui vont avec autour), jouets, linge de maison, bricolage, jeux vidéo et j’en passe sont également très bien fournis. On trouve de tout à Urgut. Pas forcément dans notre goût d’occidental mais ça n’est pas grave, le spectacle est plaisant. Nous apprécions tout particulièrement les stands présentant de véritables tenues d’Aladin pour enfants.

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On y voit de merveilleux manteaux cousus de fils dorés, des chaussures tout aussi brillantes et des chapeaux type prince oriental comme dans les films. Ca donne une couleur fantastique à tous ces stands. Nous avions rencontré à Khiva un jeune garçon habillé de cette façon accompagné de ses parents et de personnes de la famille. Il venait prier dans un mausolée et cela nous avait semblé être une cérémonie correspondant à notre première communion chrétienne.

Après avoir arpenté le marché à peu près dans tous les sens, nous sommes partis nous balader dans Urgut-le haut sur les conseils du Petit Futé. Ce beau guide nous promettait une mosquée au calme près d’une rivière, entourée d’arbres centenaires. Malheureusement, les indications du guide étant aussi nulles que pour les autres endroits du pays nous n’avons pas réussi à la trouver. Nous avions failli partir avec uniquement le Petit Futé dans nos bagages. Heureusement, au dernier moment, nous avons acheté le Lonely sur l’Asie centrale où figure un chapitre sur l’Ouzbékistan. Nous avons été bien inspirés car il nous a bien plus servi que l’autre : au moins il possède des cartes cohérentes sur les villes du pays et les informations pratiques, comme où prendre un bus pour aller à tel endroit, sont expliquées.

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Nous avons erré quelques temps dans cette partie de la ville qui est à flanc de montagne puis nous sommes redescendus prendre un taxi collectif pour Samarcande. Surprise, le premier chauffeur rencontré nous donne un prix trois fois plus élevé que pour le trajet aller. On se dit forcément : « il nous prend pour des cons lui » et on va voir plus loin. Mais le deuxième nous dit la même chose. En parlant avec les mains (c’est dingue tout ce que l’on peut faire passer ainsi) nous lui expliquons notre désarroi face à cette différence mais lui nous répond que ça marche comme ça ici… Nous nous inclinons alors face à la logique ouzbek et rentrons à Samarcande.

Bilan de la journée : on n’a pas trouvé de souvenir à ramener et j’ai perdu mes lunettes de soleil dans la foule. Enfin, perdu, c’est une façon de parler ; disons plutôt que j’ai fait un heureux qui aura repéré cet idiot de touriste se baladant avec ses lunettes accrochées à un bouton de sa chemise. Mais bon ça n’est pas très grave et l’atmosphère du marché nous a bien plu.

28 octobre 2006

Expédition à Shahrisabz en compagnie de nos amis russes

En général en vacances, nos journées sont plutôt bien remplies. Nous sommes assez du genre boulimique, c'est-à-dire que nous essayons d’en voir et d’en faire le plus possible. Dès les premières heures du jour nous enchaînons les visites. Cette attitude nous a permis de profiter de moments assez exceptionnels, comme par exemple d’être tous seuls dans la Vallée des Rois à Louxor ou bien de voir le soleil se lever rien que pour nous à Teotihuacan ou encore d’apprécier les prières autour des stupas de Katmandou dans la lumière du petit matin. Du coup, nos vacances sont souvent fatigantes et nous sommes contents de rentrer travailler pour nous reposer. Et bien en Ouzbékistan, ça ne se passe pas du tout comme ça. Je pense qu’il s’agira des vacances les plus reposantes de ma vie. D’abord, en dînant à 19 heures, nous faisons la fermeture des restaurants (qui sont aussi les bars) et après, à part regarder Arte quand nous avons la télé dans la chambre, il n’y a pas grand-chose à faire. C’est qu’ils se couchent tôt les Ouzbeks ! Ensuite, ça ne veut pas dire pour autant qu’ils se lèvent de bonne heure. Par exemple à Samarcande, ils ne servent le p’tit dèj qu’à partir de 8h30. Et puis nous avons pu constater en nous promenant dans les rues vers 9h30-10h00 que les boutiques et les sites ouvraient à peine. Du coup on fait des nuits de dix heures et on ne s’étonne pas de voir  qu’il y a autant d’enfants en Ouzbékistan !

Aujourd’hui, nous avons un magnifique exemple de ces débuts de journée tardifs : nous partageons un taxi avec nos amis russes pour nous rendre à Shahrisabz, la ville natale de Tamerlan située à une centaine de kilomètres au sud de Samarcande en empruntant une route qui serpente à travers les montagnes et franchit un col à 1600 mètres environ. Et bien pour autant, le départ n’est prévu qu’à 10 heures ce qui laisse tout le temps à Clément de faire honneur au petit déjeuner et aux 5 sortes de confiture tout en discutant avec la famille de Français déjà rencontrée à Boukhara et qui se trouve naturellement dans le même hôtel que nous.

L’inconvénient d’être accompagné de Russes, c’est qu’on ne comprend rien aux discussions entre nous, touristes, et la population locale. L’énorme avantage, c’est qu’ils en comprennent beaucoup plus qu’on ne le fera jamais et nous apprenons beaucoup par leur intermédiaire. Aujourd’hui par exemple, notre chauffeur nous explique qu’il est impossible d’acheter de l’essence dans une station-service, qu’on est obligé de l’acheter au marché noir à des prix exorbitants (de 20 à 100% plus cher) et que tous les efforts consentis par les autorités pour remédier à cette pratique sont inutiles, une sorte de mafia ayant la mainmise sur toute l’essence du pays. Il est vrai que depuis le début du voyage, nous avons eu l’occasion de voir beaucoup de stations-service flambant neuves mais désespérément vides tandis que des vendeurs à la sauvette proposaient des bidons quelques dizaines de mètres plus loin.

Une fois à Shahrisabz, nous visitons ce qui reste de l’ancien palais de Tamerlan (c'est-à-dire pas grand-chose) ainsi que quelques autres jolis monuments. Comme c’est à nouveau samedi, nous croisons des dizaines de cortèges de mariage venus se faire photographier devant la statue de Tamerlan et le palais. Du haut des portes du palais, nous en comptons une quinzaine rien que sur la place devant nous. Il parait incroyable que la ville compte suffisamment d’habitants pour qu’ils soient aussi nombreux à se marier tous les week-ends. Comme de bien entendu, les mariés ont toujours l’air d’aller à leur propre enterrement.

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Nous retrouvons également le groupe de Bretons de Khiva que nous avions croisé à Boukhara et avec qui nous visitons la crypte de Tamerlan. Ben oui, il est enterré à Samarcande mais au départ c’est ici qu’il voulait reposer et qu’il avait fait préparer son tombeau. Quand il est mort, les cols étaient bloqués par la neige et il n’a pas pu être ramené dans sa ville natale et comme il y avait un mausolée prêt à l’emploi à Samarcande (il le destinait à son petit-fils)…et bien il y est toujours !

Nous rentrons en taxi vers Samarcande et cherchons une agence de voyage pour se renseigner sur des possibilités d’excursion dans la région. En effet, nous avons à peu près fait le tour de ce que nous voulons faire à Samarcande mais nous n’avons plus vraiment le temps de partir explorer une autre partie du pays avant notre départ mardi prochain, d’autant plus que les transports ouzbeks ne sont un modèle de rapidité. Munis de précieux conseils, nous allons boire une bière avant de tenter de trouver un restaurant. Le chauffeur de taxi d’aujourd’hui nous en a en effet conseillé un dans la ville moderne.

En répétant le nom du resto avec tous les accents imaginables à un chauffeur de taxi, nous réussissons à nous faire comprendre et à nous y faire emmener. Problème, le resto doit vraiment être très bien parce que toutes les tables sont réservées et qu’il n’y a pas moyen d’y dîner. Ce n’est pas grave, nous avons pu constater qu’en s’éloignant beaucoup du centre historique il y avait pas mal d’endroits où dîner. Pour notre plus grande fierté, nous dénichons un restaurant tous seuls. Le menu n’est pas follement original et Clément doit aller en cuisine pour commander mais c’est bon et copieux.

Après ça, faut pas exagérer, nous n’avons plus qu’à rentrer à l’hôtel.

27 octobre 2006

Les autres merveilles de la ville

Dans la vie courante, déjà, je suis toujours enchanté de passer à table et pendant un voyage je trouve que les repas sont des moments privilégiés encore plus agréables que d’habitude. Le midi et le soir ce sont souvent des pauses bien venues après de longues marches. On s’assoit enfin pour reposer ses jambes et bien sûr pour remplir son estomac. Quand la nourriture est à la hauteur, ce qui est si souvent le cas en Asie (c’est mon avis en tout cas), un peu moins en Amérique du Sud ou en Ouzbékistan la pause devient un vrai bonheur. Mon intérêt pour les voyages vient aussi de ces moments là, je pense.

Il est par contre rare que le petit-déjeuner soit un délice dans les différents pays que l’on a pu visiter. Notre hôtel de Samarcande déroge à la règle car nos hôtes préparent tous les matins une multitude de petites choses délicieuses comme des petits beignets, des yaourts et surtout de merveilleuses crêpes qu’on croirait fabriquées en Bretagne.

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Accompagnés de trois ou quatre sortes de confitures maison (mûre de mûrier, coing, fruits rouges,…) nous passons un temps fou à table à dévorer tout cela. En plus il fait très beau et nous sommes installés en terrasse un peu au-dessus des beaux arbres du  jardin en patio de l’hôtel. Les deux Russes, arrivés pourtant dix minutes après nous, repartent avant que nous ayons fini…

Il faut bien prendre des forces car la journée va être riche en monuments. Tamerlan a fait construire beaucoup de belles choses dans sa ville par l’intermédiaire des artisans ramenés des quatre coins de son empire (sous la contrainte bien sûr, ce type n’était pas un tendre paraît-il).

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Nous nous promenons donc toute la journée dans la vieille ville au milieu de mosquées, dont une gigantesque mais en ruine, de mausolées couverts de céramiques turquoises et jusqu’à un observatoire construit au 15e siècle par le fils de Tamerlan. Tout cela est très sympa et l’on s’arrête bien sûr aussi faire un petit tour au bazar qui jouxte la grande mosquée. Il y a énormément de raisins à vendre sur les étals. En effet la région au sud de Samarcande en produit beaucoup et c’est la saison des vendanges. Comme il est excellent nous nous disons qu’il faudra goûter le vin de cet région : du vin ouzbek, ça fait rêver, non ?

En fin d’après-midi, après être évidemment tombé sur l’Américain du Lonely et après les cent photos de coupoles bleues prises par Florence (elles sont trop belles !), nous décidons d’aller du côté de la nouvelle Samarcande,  à l’ouest du Registan, histoire de se trouver un petit bar et un resto pour dîner. Le terme « nouvelle » n’est pas vraiment approprié car on ne peut pas dire que ce soit flambant neuf mais disons que cette partie de la ville n’a pas été construite au 14e siècle. Elle date plutôt de l’ère soviétique, ce qui fait beaucoup moins rêver.

Par certains côtés Samarcande nous a moins enchantés que Boukhara ou Khiva car c’est une ville très peuplée, avec de grandes avenues pleines de voitures tout près des monuments. Par exemple la place du Registan est à 100 m d’un gros boulevard très passant. Alors qu’à Boukhara et Khiva, la ville historique est en retrait et donc protégée de la ville moderne, de sa pollution et de ses bruits.

Nous avons pu constater le peu d’intérêt de la partie moderne de Samarcande. Les avenues sont très longues, pas belles et en plus pas éclairées une fois la nuit tombée alors qu’il y a de gros trous partout sur les trottoirs. Enfin, on ne s’est rien cassé mais après avoir marché un bon moment, on a juste trouvé un bar assez occidentalisé et pas terrible et on a dû retourner vers la vieille ville pour trouver un resto ouvert ensuite. La lose !

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26 octobre 2006

Samarcande et la place du Registan

   Notre journée commence très tôt aujourd’hui car nous prenons le train à 7h10 pour aller à Samarcande. Les Ouzbeks ayant la fâcheuse habitude de construire leur gare loin des centre-villes, ici 15 km plus loin, nous avions hier donné rendez-vous à un chauffeur de taxi à 6h30 ce matin. Le plan doit donc se dérouler sans accroc. Malheureusement c’est sans compter sur la grande porte d’entrée de l’hôtel qui est fermée à double tour et il n’y a ni clé, ni employé à l’horizon. Il y a bien sûr une sonnette mais celle-ci est à l’extérieur. Nous tentons de frapper à plusieurs chambres où les gérants pourraient loger mais il n’y a pas de réponse ; je tente ensuite d’ouvrir le deuxième battant de la porte en ouvrant les loquets supérieurs et inférieurs : ça bouge un peu mais j’ai l’impression que je vais tout casser si je continue… On recommence alors à taper aux portes du rez-de-chaussée, plus fort cette fois et tout à coup un gamin de 12 ans, les yeux pleins de sommeil entrouvre sa porte. Malgré tout il comprend vite le problème et sort mais il tombe sur le même os que nous : mais où est donc cette foutue clé ? Il va la chercher dans plusieurs pièces mais revient bredouille et finit par opter pour la solution « je passe en force » et ouvre le second battant d’un geste brusque. Rien ne casse et nous pouvons enfin sortir ! En plus le chauffeur de taxi nous attend et nous filons tout de suite vers la gare.

   Nous trouvons notre wagon sans trop de problème, aidés il est vrai par les employés de la SNCF locale et par notre billet. Heureusement car la numérotation des wagons nous paraît bizarre. Enfin nous voilà installés sur de superbes sièges type avion en plus larges avec un écran LCD sur la petite table devant nous. La classe !

   Surprise, peu avant le départ le couple de Russes, que nous avons rencontré partout depuis quelques jours, arrive essoufflé. Cette fois, on prend un peu plus de temps pour discuter et après un voyage agréable agrémenté d’un petit déjeuner plutôt bon à part le soda vert fluo à la pomme, nous prenons un taxi avec nos copains russes pour trouver un hôtel à Samarcande.

   Après avoir visité une première guest-house pas terrible mais on l’on retrouve l’Américain qui met à jour le Lonely Planet (le monde des touristes est petit en Ouzbékistan) nous nous installons dans un hôtel sympa pas loin du « Gour Emir », le mausolée de Tamerlan.

   Ce monument est du coup l’objet de notre première visite dans la ville. C’est un très beau bâtiment à la fois à l’extérieur et à l’intérieur.

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Et sur la proposition du gardien nous visitons même la crypte normalement interdite d’accès. Mais bon, dans ce pays comme dans beaucoup d’autres de ce type, tout est possible avec un petit bakchich.

   A la pause déjeuner nous rencontrons de nouveau notre Américain du Lonely. Nous mangeons ensemble et échangeons nos infos sur ce que nous avons fait jusqu’ici. Il est bien sûr très intéressé et ça nous fait marrer de voir un peu comment ces guides sont mis à jour. En tout, ce gars ne restera qu’un peu plus d’un mois en Ouzbékistan. Sachant le nombre d’infos à vérifier entre les horaires de trains, le prix des restos et vingt mille autres choses, on se dit que le travail risque d’être un peu bâclé même s’il a l’air de se démener jour et nuit (et oui, il faut bien vérifier les boîtes de nuit).

   Enfin nous approchons de l’endroit qui nous a fait venir en Ouzbékistan : la place du Registan. C’est parce que nous avions vu des images de cet endroit et que la ville de Samarcande est mythique que nous avons entrepris ce voyage.

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   Nous ne sommes pas déçus en voyant ce lieu. En fait trois madrasas construites à partir du 14e siècle sous le règne de Tamerlan ferment trois côtés de la place. Les mosaïques, les dômes, les arches finement sculptés ou peints resplendissent sous le soleil. C’est beau ! L’intérieur des bâtiments n’est comme souvent pas aussi intéressant que la façade de l’entrée mais il est agréable de voir que les lieux ont été très bien restaurés. Nous attendons sur la place le coucher de soleil en regardant les groupes de touristes défiler : il y a bien sûr plus de monde ici que dans les autres villes mais ça va, ça n’est pas non plus la folie. Le coucher de soleil n’est pas aussi intéressant qu’à Boukhara hier soir car une partie des rayons de soleil sont bloqués par la madrasa de l’ouest. Mais bon, ce moment de la journée est toujours aussi génial surtout dans un lieu comme celui-là. La lumière est douce, propice aux belles photos et le temps semble passer plus lentement. Nous profitons bien de ces instants, nous prenons deux cents photos et nous rentrons, contents de notre journée.

25 octobre 2006

Nouvelle journée de balade dans la ville

Aujourd’hui la suite de la visite des monuments de Boukhara est au programme. Et oui, nous avons déjà vu beaucoup de choses hier mais la ville est très riche.

Nous commençons par un petit monument appelé « Tchor Minor », constitué de quatre mignons petits minarets qui marquaient l’entrée d’une madrasa aujourd’hui disparue.

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Tout cela est très harmonieux et nous montons sur la terrasse de l’édifice pour admirer les minarets de plus près. Pour ce faire nous sommes rentrés dans la boutique de souvenirs (encore une) du rez-de-chaussée où comme souvent le vendeur est absent (il est très facile de voler des souvenirs dans ce pays) et nous sommes montés à l’escalier situé au fond de la pièce. Et ce n’est qu’en redescendant que nous  rencontrons la femme du magasin qui nous fait comprendre qu’il fallait payer pour monter ! Ce n’est pas la première fois que ça nous arrive depuis le début du séjour. Ca semble être une mode dans le pays de payer après la visite. Mais là, la femme abuse quand même car elle était assise dehors un peu plus loin depuis notre arrivée et nous avait vu rentrer dans le bâtiment. Enfin, tout en témoignant notre mécontentement comme nous le pouvons, nous la payons-il est vrai que le guide indique un droit d’entrée- et nous ressortons. Comme tous les jours maintenant nous rencontrons alors le couple de Russes avec qui nous discutons quelques minutes.

Histoire de nous changer un peu des quarante madrasas vues depuis deux jours nous allons nous balader dans le quartier juif de Boukhara. Malheureusement le plan du lonely étant vraiment pourri nous nous perdons au milieu des ruelles au bout de vingt minutes et après un demi-tour inspiré nous décidons d’aller  dans l’ouest de la ville visiter un parc où se trouve deux vieux mausolées musulmans. Tant pis pour le quartier juif, au moins là on connaît la route. Et nous en profitons, sur la route justement, pour nous venger du déjeuner de la veille en mangeant un plov au même restaurant ; cette fois, il en ont.

A côté du parc très laid, alors que les mausolées étaient assez beaux, se tient un grand marché. Comme à Khiva, les gens semblent s’amuser de notre présence même si eux ne nous courent pas après pour qu’on les photographie. Florence se fera quand même quelques copines qui lui parlent en russe quelques instant puis lui offrent une belle pomme de bon cœur. Quel dommage que nous ne comprenions rien… C’est promis, la prochaine fois que l’on vient en Asie centrale on bosse le russe quelques mois avant.

Le marché présente bien sûr mille et une choses et parmi les plus impressionnantes pour nous on trouve des pastèques et des melons gigantesques. Et quand je dis gigantesques , je n’exagère pas, les melons, plutôt de forme ovale faisant au minimum 30 cm de long et je ne vous parle pas des pastèques…

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Il est du coup difficile d’en acheter pour goûter, malheureusement. Ce marché présente un alignement de vieux camions militaires russes remplis de ces melons. Quelle récolte !

Après avoir réglé les détails du trajet du lendemain vers Samarcande et être repassés un peu à l’hôtel nous retournons en cette fin d’après-midi au Poy Kalon, cette place entourée de deux madrasas qui nous a tant plu hier pour y assister au coucher du soleil. Nous ne sommes pas déçus car le spectacle est génial. Les belles couleurs du soleil couchant donnent des teintes chaudes aux céramiques et le soleil donne parfois des reflets dorés aux peintures.

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C’est magique, et en plus, comme hier, nous sommes pratiquement tous seuls. Il y a juste un Suédois qui se promène là. Ce gars fait d’ailleurs un périple marrant, il est parti de Tokyo et va jusqu’au Danemark en moto. Ca a l’air d’être sympa comme voyage mais comme il est très en retard sur son planning et qu’il veut éviter l’hiver, il nous raconte que Boukhara est la dernière ville où il compte s’arrêter un peu. Ensuite, il trace, et c’est bien dommage pour lui.

Notre journée se termine ensuite un peu comme d’habitude avec l’enchaînement bière-soupe-chachliks-douche-préparation des sacs avec arte en fond qui nous gratifie d’un fabuleux reportage sur la cuisine des insectes…

24 octobre 2006

Première journée à Boukhara

Non seulement la chambre est confortable mais en plus le petit déjeuner est gargantuesque dans cet hôtel. Œufs, yaourt « maison », beignets, pain rond à l’ouzbek, rien ne manque ce matin. Ca tombe bien car la journée va être chargée avec la visite de Boukhara et de ses innombrables monuments.

Cette ville possède en effet une collection de madrasas impressionnante. Nous sommes tout de suite dans l’ambiance car notre hôtel se trouve à 20 m du bassin Liab-i-Khaouz, entouré de trois de ces édifices. Ce bassin semble être la version locale de la place de village. Plusieurs maisons de thé sont installées autour. Elles proposent comme souvent en Ouzbékistan deux types de tables : la classique, comme chez nous et la locale, qui est en fait un grand lit sur lequel est posé une natte et une table basse. Les gens s’assoient donc sur le « lit » autour de la table basse pour boire le thé, déjeuner, jouer aux échecs (ou faire la sieste peut-être ?).

On imagine que ça doit être le bonheur de se vautrer sur ces « takhtan » pendant les heures chaudes de l’été, à l’ombre des grands arbres qui bordent le rafraîchissant bassin et en sirotant son thé…

Enfin, nous n’en sommes pas là, il est 10h du matin, il ne fait pas très chaud mais cette place nous plaît quand même beaucoup. Les façades des madrasas autour sont très belles et le lieu incite à la rêverie. Bref, je me vois déjà en train de déguster une bière à la tombée de la nuit après une journée de marche à travers la ville.

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Mais bon, comme je disais plus haut, nous n’en sommes pas là. Notre balade dans les ruelles de Boukhara commence donc. Bonne surprise, malgré le grand nombre de boutiques de souvenirs, les touristes sont très peu nombreux à part un couple de Français avec ses deux enfants et les deux Russes rencontrés deux jours plus tôt avec qui on échange quelques mots.

Le nombre de madrasas est impressionnant, on en rencontre à tous les coins de rue et dans la majorité des cas les anciennes cellules des élèves de ces écoles coraniques sont transformées en boutiques d’artisanat et de souvenirs. C’est dingue car on a l’impression d’être trois touristes dans la ville. Quand viennent ces hordes de touristes allemands en chaussettes dans leurs sandales qui achètent leurs souvenirs en euros ? Pas mi-octobre en tout cas même si c’est toujours la saison touristique paraît-il.

Nous déambulons ainsi pendant plusieurs heures entrant dans les madrasas, dans l’ancien palais du khan (le roi) de Boukhara ou dans l’ancienne prison (qui ne fait vraiment pas rêver du tout). On est juste dégoûté au moment de déjeuner car les deux dernières assiettes de plov de la chaïkhana où nous nous installons nous passent sous le nez ; tant pis on mangera des chachliks, ces brochettes au gras.

La balade est très agréable et comme à Khiva les gens sont vraiment cools même si la communication est limitée. Ainsi, en nous promenant dans un grand marché de tapis magnifique, un groupe de jeunes nous demande de les prendre en photos sur leur lieu de travail. Ils nous écrivent ensuite l’adresse d’un des leurs pour que l’on puisse envoyer les photos. On essaiera bien sûr !

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Nous terminons la promenade de la journée au plus bel endroit de la ville, l’ensemble Poy Kalon, composé de deux madrasas (dont une toujours en activité) se faisant face et d’un grand minaret, le terrible minaret Kalon du haut duquel étaient jetés les condamnés à mort il y a quelques siècles.

Les façades sont absolument grandioses et, à l’intérieur des édifices, les céramiques sur les murs sont très subtiles. Nous restons un bon moment dans cet endroit, à le photographier sous toutes les coutures et à profiter de la beauté des décors. L’atmosphère est paisible et nous sommes pratiquement les seuls sur le site, que du bonheur.

Nous terminons notre circuit en visitant quelques boutiques de souvenirs avant de revenir juste après la tombée de la nuit au bassin Liab-i-Khaouz où, comme prévu, nous nous régalons d’une bonne bière fraîche pour nous remettre des kilomètres parcourus dans la journée.

Nous finirons par un reportage d’arte en fond sonore à l’hôtel sur l’art et la façon de cuisiner le tofu en Asie. Sujet passionnant s’il en est, et qui nous fait bien rire tellement c’est incroyable : ils arrivent à en parler pendant deux heures ! Il faut vraiment se trouver en Ouzbékistan pour tomber sur des reportages aussi débiles.

23 octobre 2006

En route vers Boukhara.

Le petit déjeuner est à l’image du dîner : copieux et délicieux. Il fait gris mais il ne pleut pas et c’est donc au sec que nous allons pouvoir visiter les autres forteresses du coin. La route et les chemins gardent les traces de l’humidité de la veille alors notre chauffeur doit à nouveau faire preuve de son talent pour nous mener à bon port. A pied, c’est tout aussi glissant et nous collectons une épaisse couche de boue sous nos chaussures. Sur le chemin du retour, nous repassons à nouveau le fameux pont. Cette fois-ci nous descendons de voiture pour traverser à pied et prendre des photos.

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Une fois à Ourgentch, nous embarquons dans un taxi collectif pour Boukhara et pendant de longues heures nous traversons le désert. Peu d’habitations donc, seulement des dunes et un gazoduc. Les quelques hameaux que nous traversons donnent une impression de grande pauvreté.

Environ six heures de route plus tard, nous arrivons à Boukhara, notre étape suivante sur la route de la soie. Nous trouvons un hôtel au cœur de la vieille ville, à deux pas d’un joli bassin entouré de madrasas et de chaïkhanas. Les chambres sont nickel et nous profitons avec plaisir de la douche avant de sortir dîner. La recherche d’un restaurant nous ramène vite vers le Liab-i-Khaouz, le bassin près de chez nous : ailleurs la ville est noire et déserte. On ne se plaint pas, il y a au moins un endroit où on est sûrs de pouvoir manger tous les soirs. Nous dînons donc de soupe et de brochette à la viande et au gras. La viande est bonne mais dans le pays le gras est considéré comme la meilleure partie alors ils ont un peu tendance à en mettre partout. Nous rentrons ensuite faire un peu de lessive tout en regardant la télé. Par le satellite, on a certaines chaînes en français dont Arte qui nous gratifie d’un splendide reportage sur la gastronomie franco-japonaise. Un grand moment.

22 octobre 2006

Excursion à Ayaz-Kala

Ce matin au petit-déjeuner à l’hôtel, nous testons une espèce de saucisse au poulet reconstitué : dégueulasse ! En plus il pleut alors on traîne un peu mais comme ça ne s’arrange pas on sort terminer notre visite des monuments de la ville. Nous voyons notamment un spectacle de danses traditionnelles rien que pour nous dans un palais en sirotant du thé : bien sympa. Nous croisons toujours autant de mariages mais cette fois on peut imaginer que les héros du jour font la gueule parce qu’il pleut. Nous passons au bazar de la ville acheter une théière et des bols : ce n’est pas qu’ils sont exceptionnellement jolis mais on utilise les mêmes matin, midi et soir alors ça nous rappellera vraiment notre voyage. Nous nous promenons dans le bazar et au marché, prenons des gens en photo, goûtons des samsas (des genres de samosas aux oignons et à la viande) avant de déjeuner de brochettes au même endroit qu’hier. Nous achetons ensuite des gâteaux secs, toujours au marché avant de retourner à l’hôtel chercher nos affaires et de nous acheminer vers l’office du tourisme où nous avons rendez-vous avec notre taxi.

Ledit office est fermé (c’est dimanche) mais un homme nous attend à proximité. Sans mot dire, il nous tend un téléphone portable et nous met en communication avec quelqu’un qui nous explique en anglais qu’il faut le suivre et qu’il va nous emmener à Ayaz Qala. Court trajet en taxi, nous nous arrêtons à peine passé Ourgentch pour échanger de chauffeur avec un mini van qui ramène un couple de Russes de là où nous allons. L’organisation nous parait un peu bizarre mais finalement par notre nouveau chauffeur qui connaît quelques mots d’anglais et par le jeune homme russe qui parle bien anglais et qui fait l’interprète nous comprenons que nos deux chauffeurs sont frères et que tout est normal. En fait nous avons changé pour celui des deux qui est habitué à conduire sur la dernière partie du trajet vers Ayaz Qala. Nous comprendrons plus tard en voyant la piste qu’effectivement il vaut mieux être un poil expérimenté en conduite sur boue avec une voiture normale. Malgré cela, c’est notre interprète russe qui apprend à notre nouveau chauffeur qu’il va devoir dormir là-bas. Faudra faire des progrès sur la circulation de l’information, les gars. Nous repartons donc vers le campement.

Nous commençons par passer un pont assez impressionnant : il est constitué de barges flottantes rouillées qui reposent sur le fond de l’Amou Daria (pas assez d’eau pour que ça flotte) et qui sont reliées entre elles par des chaînes. Les niveaux entre les barges sont plus ou moins harmonisés par des plaques de tôle et des pelletées de sable. Un grand moment.

La route se poursuit : nous traversons des villages isolés à la limite du désert. Toutes les habitations sont en torchis, ça ne respire évidemment pas la prospérité. On a eu cette impression plusieurs fois depuis le début de notre trajet en taxi en voyant le nombre important d’usines désaffectées le long des routes. C’est dur dur dans la région. Ca reflète vraiment le désordre économique laissé à la suite de l’effondrement de l’URSS. Bien sûr, dans certains pays que nous avons visités on a pu voir de la pauvreté, mais souvent on sentait que l’économie décollait, que ça bougeait dans les villes, que les gens avaient une activité. Alors qu’ici, ça paraît vraiment mort et ça fait très bizarre, on ne sait pas comment ils vont pouvoir s’en sortir et c’est poignant. On croise beaucoup d’enfants, de vieux assis au bord de la route, de femmes avec des bébés dans les bras attendant le bus ou un taxi collectif. On voit des petits troupeaux de moutons encadrés par des enfants sur des ânes ou à pieds. On ne s’arrête pas en chemin mais ce trajet est très intéressant, on est vraiment loin des lieux plus touristiques.

Notre chauffeur fait ensuite preuve de sa dextérité en adaptant sa vitesse sur la piste boueuse et détrempée : assez rapide pour ne pas s’embourber, assez lente pour que la voiture ne finisse pas sur le toit. Nous arrivons enfin sains et saufs au campement où nous serons les seuls touristes pour la nuit.low0005_1 Après avoir pris nos quartiers dans notre yourte (des tapis partout, deux matelas et deux énormes couettes, une table basse et des coussins en guise de siège), nous partons explorer la forteresse d’Ayaz Qala voisine.

Bon alors je vais pas faire un cours d’histoire sur les citadelles de la région, surtout qu’apparemment personne ne sait trop qui les a construites ni quand ni à quoi elles servaient. Aujourd’hui il reste des ruines sculptées par des siècles d’érosion. Ben oui, elles datent quand même pas d’hier les forteresses en question. C’est assez joli et impressionnant. Nous sommes évidemment les seuls sur le site, jusqu’à l’arrivée d’un groupe de jeunes garçons encadrés par des professeurs venus participer à la récolte obligatoire du coton dans la région (évidemment on apprendra ce détail plus tard de notre chauffeur car aucun d’entre eux ne parle anglais). Vieux reste de l’occupation soviétique. Comme c’est dimanche ils ne bossent pas et en profitent pour visiter le coin et l’attraction principale : nous. low0003_1Il y a quasiment bataille pour se faire prendre en photo par nos soins et nous sommes escortés dans notre tour des lieux par un groupe grandissant de fans. Nous prenons finalement congé et regagnons nos yourtes, assez rapidement pour échapper au flot d’un deuxième camion qui transporte les homologues féminines de nos camions. Dégoûtées de nous avoir ratés, elles viennent au campement après leur visite, nous demandent de sortir de la yourte pour une séance de photos et d’hystérie collective. Après les photos, je leur laisse mon e-mail sur des bouts de papier qu’elles me tendent. L’une des filles me tend même un billet plié en quatre pour nous remercier des photos. Je le lui rends évidemment mais je dois accepter une barrette dorée en cadeau. Prise de court, je lui abandonne le stylo CRNA Nord de Clément que je tiens toujours à la main. Fin de la séance d’autographes et enchaînement avec le dîner dans la yourte.

Le repas est délicieux, la soupe et le plov figurent toujours au menu mais nous dégustons aussi de délicieuses salades, des légumes grillés, des fruits…tout en buvant du thé assis sur de petites nattes autour d’une table basse remplie de ces victuailles. Le bonheur, quoi.

Très vite, le groupe électrogène cesse de fonctionner et vers 20 heures nous éteignons notre lampe à pétrole pour nous glisser sous nos couettes.low0004_1

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Rendez-vous à Samarcande
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